Le patient, face à la pathologie qui le frappe, joue dans le mystère de sa survenue sa compétence de patient expert que lui reconnait la Médecine moderne.
« Association des patients de la médecine d’Orientation anthroposophique » (page 17) avec Gerd Nagel, cela commence par la fréquentation de la source de sa nocivité : travailler sur soi-même, méditer, s’isoler en forêt, dépasser la peur.
Les patients affirment souvent que les médecins savent certes bien soigner la maladie dans l’homme ; mais pas l’homme dans la maladie.
Qu’est-il possible de mettre en œuvre pour la Santé qui dépasse ce jeu de questions contradictoires ?
Les patients se sont laissé déposséder de leurs forces dans ces conditions, et le temps présent est devenu celui de la contestation, car les patients vivent mal l’oubli dans lequel est tenu leur guérisseur intérieur dont ils mesurent l’impact.
« Je suis un patient compétent, lorsque je participe, je suis par la pensée, je prends la parole, je ‘m’exprime, je participe aux décisions. Celui qui me guérit c’est quelque chose en moi qui doit le faire »
Ce qui est au cœur du patient c’est le rapport entre le corps et l’esprit, argumente Thierry Janssen. En l’an 2000, dans sa thèse sur la clinique pour la biologie du Cancer, il rappelle l’idée de la compétence du patient dont il a fait son thème directeur en rappelant que la première clinique en Allemagne affiche un second avis émanant de la place donnée au patient au titre de sa compétence.
Les facteurs selon lesquels les liens avec certains cancers sont avérés sont principalement : la consommation de boissons alcoolisées ; le tabac ; le surpoids ; l’obésité ; l’excès de viandes rouges.
Ainsi, on estime que 20 à 25 % des cancers sont attribuables aux facteurs nutritionnels qui restent dans le champ de la compétence du patient, et le stress (selon le livre de Johann HARRI « chaque dépression a un sens).
Continuons sur la nutrition : les légumes et légumineuses sont à privilégier. Les nutritionnistes conseillent d’ailleurs d’associer des régimes équilibrés, à des activités physiques adaptées.
Il s’agit alors pour le patient de retrouver le plaisir de créer, et de renouer avec le mouvement naturel de le la vie : retrouver la saveur et le sens de la vie qui est important pour toutes les ressources, mais nous y reviendrons.
Il est vital sur l’instant disponible de réduire le stress psychologique et les tensions physiques pour améliorer l’immunité, les fonctions de l’organisme et favoriser les mécanismes réparateurs du corps. Il s’agit d’apprendre à mieux se connaitre, réussir à exprimer ses peurs face à la maladie ; s’écouter et respecter, ses besoins essentiels. Pour reprendre les mots de John Dewey, l’art est une expérience entre le patient et le spectateur, l’acteur et le formateur, expérience entre le sociologue et l’observateur du lien social.
Il existe alors un processus de construction du discours du spectateur. Sa voix, souvent muette au théâtre, acquiert le statut de matériau de recherche à partir de la construction de la mémoire travail. Ce matériau est constitué selon plusieurs modes d’entrée, selon des entretiens ouverts réalisés au fil du temps. Mais considérons que l’expérience du théâtre commence prosaïquement avant le spectacle et se poursuit bien au delà. A la fin de la représentation, chaque spectateur entame un processus d’élaboration de ses souvenirs, dont l’oralité « est essentielle », et qu’il fera vivre dans une autre réception.
Rares sont les théories esthétiques qui relient l’expérience du spectacle et la vie du spectateur dans leur dimension temporelle et leur dimension philosophique. Ceux qui découvrent leur intérêt s’attachent à comprendre comment s’articulent les fonctions mentales supérieures parmi lesquelles nous citerons l’attention, la mémoire l’imagination, et l’émotion. Ces dernières sont d’ailleurs le résultat d’une interaction avec l’environnement, et définissent la perception de la relation avec l’expérience.
L’attention peut être comprise comme un filtre qui sélectionne ce qui nous arrive, par la sensation et la perception avant le traitement rationnel.
Tout ce qui provoque une émotion forte prend le contrôle de l’attention involontaire prédominant chez le spectateur. Son attention est particulièrement conditionnée par la mémoire, c’est-à-dire par le souvenir des expériences antérieures et hors du théâtre.
Cette mémoire se combine avec l’imagination, qui est une projection inventée du futur, de soi même, des spectateurs en face à face ; ou en lien d’émotion, venue de l’émotion vécue à plusieurs. Il existe avant et pendant le spectacle, et favorise voire active une mémoire explicite ou déclarative de l’évènement.
Page 6 : « l’élaboration du discours par le spectateur n’est pas une simple traduction de la mémoire d’une expérience, la matérialisation du discours à travers un langage est un travail de construction de la pensée.
En conséquence, le processus d’élaboration verbale n’est ni l’expérience ni la mémoire de l’expérience, mais une création subjective du spectateur dans l’échange avec ses voisins de spectacle, entre lesquels se construisent des dimensions de rencontres faites de regard, de silence et d’émotion vécue et donc partagée. On comprend alors que l’art n’est pas un moyen de raconter une expérience selon l’approche de John Dewey, il habite lui-même une rencontre qui est en soi une expérience.
Il n’y a pas de nécessité de donner la parole au spectateur, mais compte tenu de ce qu’il fait de son environnement, et comment il plonge dans le théâtre ; compteront la verbalisation de l’expérience du théâtre qu’il faudra rechercher auprès d’une dizaine de spectateurs.
Nous recevons, pour les partager, les caractéristiques de ces expériences de spectateurs en lien avec leur expérience de vie, non pas une liaison figée, mais une mémoire en construction, une mémoire travail. Avant même de voir le spectacle, les spectateurs présentent déjà un parcours de vie qui les tire vers l’intérieur d’un texte, un regard figé sur les portes à ouvrir pour accéder à l’émotion à partager.
Cette émotion se partage entre les spectateurs, les acteurs, les institutionnels ; les patients qui rechercheront dans les arcanes d’un texte les perceptions imprégnées de souvenirs.
Les perceptions sont lourdes de souvenirs, elles ne sont pas une simple interaction, mais une interaction où se marient des contenus individuels et collectifs, on reconnaitra la carte de visite du parcours de vie, c’est un processus de verbalisation qui s’impose « page 17 ».
La construction de la mémoire de l’expérience est toujours produite de manière partagée : le théâtre est un moment social partagé.
Le spectateur, à l’issue du spectacle commence à négocier avec ses pairs la signification à donner au spectacle, les souvenirs commencent à s’élaborer d’une façon individuelle et collective.
Ce chemin proposé aux patients de nos ateliers théâtre à Cécile Etoile en partenariat avec l’ADEC nécessitera ces approches construites et délicates. Ce seront en fait des entretiens ouverts à long terme fondés de méthodes et, d’un autre coté, sa recherche progressive.
Maintenant que le patient connait sa stratégie, il peut la mettre en œuvre à tout moment si cette démarche lui apporte un sentiment positif, et qu’il vit ainsi une expérience largement positive en réponse à ces moments où auparavant il se croyait démuni.
Pouvoir communiquer sur cette sécurité est une raison d’être des ateliers spéciaux proposés par la fondation pour la compétence du patient (Jean-Pierre Assal), ou la famille des ateliers proposés par Cécile ETOILE. Cela passe par une action visant à surmonter la solitude d’être livré à soi-même et à se réinsérer dans le contexte social général, soit la plus belle définition de l’accueil.
Ce qui est visé par cette fondation pour la compétence du patient, œuvre de Jean Pierre Assal, tient compte de stratégies d’accompagnement pour soignants, soit :
- Créer pour dépasser ses limites ;
- Valoriser ses expériences personnelles ;
- Transmettre la force du changement ;
Les terrains sur lesquels se prouveront les ambitions affichées sont le modelage, le théâtre¸l’art du jardinage, l’écriture le chant choral. Un fil relie ces stratégies ; c’est la mémoire de l’expérience qui est toujours produite de manière partagée.
Ainsi ; le spectateur à l’issue du spectacle commence avec ses pairs à négocier les significations à donner au spectacle, les souvenirs commencent à s’élaborer de façon individuelle et collective.
Le sort du parcours de soins
De nombreux malades se plaignent d’être réduits à une somme de résultats d’analyses. Ils regrettent de ne pas pouvoir exprimer leurs sensations, leurs intuitions. En privilégiant une vision globale de l’individu, ces pratiques insistent sur le potentiel interne à chaque personne (Thierry Janssen « la solution intérieure ») et incitent à respecter le fragile équilibre entre le corps et l’esprit. Elles tentent de mobiliser les capacités d’auto-guérison de l’organisme.
Pour répondre à une faille du système de santé, y a-t-il un effet bénéfique à espérer du contact entre le patient et un praticien de Médecine Alternative ? Récemment, l’OMS a demandé une meilleure collaboration entre Médecine Conventionnelle alternative et complémentaire. L’équation à faire bouger touche aux forces psychiques du patient, et au potentiel de guérison qui réside en chacun.
Celui-ci est fait de silence ( Thierry Janssen « écouter le silence intérieur »), de retours sur l’histoire personnelle… L’insertion dans le tissu social du voisinage, ce sont aussi les richesses dont est composée l’identité de chaque territoire, sa culture et son mouvement.
La médecine chinoise, la prajna indienne, véritables connaissances transcendantes qui surgissent en avant et au-delà du mental, en avant ou au-delà du savoir intellectuel. Elles apparaissent lorsque on est en direct avec les êtres et les choses, sans que le mental puisse interpréter, donc déformer.
La connaissance transcendante nait du silence (le silence du jardin secret de Marrakech est à cet égard un vrai exemple), elle surgit de la pure conscience, elle n’a pas d’avis sur son objet.
La prajna donne accès à la sagesse, car elle invite à accepter ce qui est, et elle permet de trouver le moyen de vivre en paix quelle que soit la réalité à laquelle on est confronté. Face à la pathologie, une part de la vérité du parcours de soins réside dans le calme et la lenteur ; le besoin de répétition, et du retour sur soi même que permettent le modelage ; l’écriture ; la philosophie qui permettent une nutrition qui protège la Santé.
Il convient d’écouter le patient sur ces terrains proposant alors une réflexion qui protège la Santé ; ouverture sur l’écoute du patient sur ces terrains réunissant alors une réflexion et des moyens pour vivre mieux, tant il est démontré que le véritable pouvoir ne réside pas dans la domination, mais plutôt dans la maitrise².
En conclusion, les idées qui sont ramassées dans la présente fiche de lecture, et celle qui la précédait appellent à resituer la personne au coeur d’un espace qui lui est prioritaire ; celui de sa santé. Le patient a la main sur des raisonnements, des aspirations, une volonté d’en passer à recentrer le soin autour, ou à partir de ce que le patient peut imprimer de mouvement dans l’intérêt de son devenir. Cet appel au débat traverse nombre de pays :s les USA ; le Canada, la Grande Bretagne, les inspirations en sont diverses comme nous avons tenté de le montrer ; nous n’avons fait que donner écho à la richesse et à diversité de l’Humanité.
Cette conclusion mord une ambition, celle de rester présent là où l’échange d’idées n’est pas perverti par des visées mercantiles. Tout commande de se défier de ces visées qui classeraient l’ambition à atteindre derrière l’horizon de la finance, qui se pare aux couleurs du capitalisme pharmaceutique oubliant alors ce qu’apporte l’humanisme au rôle de chacun ; dans cette société qui se débat avec les contraintes de cette crise sanitaire bien loin de sa conclusion. Dans ces conditions, la Santé restera alors, un horizon en commun.
Conclusion
- Quels sont les termes de choix ? Pour Gérard de Pourvonville (Essec Business School) subsistent deux questions : celle de distinguer le patient du soignant, et en quoi la prise de parole en tant que citoyen se distingue de celle du patient ? Le citoyen n’est pas un patient qui s’ignore, mais peut se penser comme un patient potentiel, et exprimer selon son histoire des préférences individuelles ou collectives, un choix entre le normal et le pathologique.
- Georges Canguilhem (Philosophe, Sociologue et Médecin) inscrit à l’ordre du jour de ses réflexions, la capacité pour le citoyen de trouver de nouvelles normes ou en découvrir les raisons. Pour le patient exister c’est agir dans le monde. Le cancer sur le bateau duquel le Covid amorce une traversée qui aura l’épaisseur de plusieurs années
- Patient ou exprimé autrement, le citoyen est sans aucun doute titulaire de la compétence qui lui permettra de se mesurer aux évènements qui frapperont sa vie. Mais nos sociétés sont outillées pour traverser les ressacs qui agitent l’horizon. Toutefois, le doute affecte les pages du LIVRE de Bruno LATOUR « où suis-je » (éditions ladécouverte, collection les empêcheurs de penser en rond).
Comment pourrons-nous survivre plus longtemps sans une multiplicité de métiers dont nous n’avons qu’une conscience vague ? de bouche, de livreurs, de transporteurs tout un peuple aussi